La méthode de l'huitre ne t'aidera pas chéri.

Alana m'avait laissé un peu seul. J'en avais besoin pour réfléchir. Je n'avais pas bougé depuis tout à l'heure, c'est à dire 15 h. J'étais dans la même position, la tête pleine de pensées, de doutes, je ne parvenais pas à trouver une raison valable, ni une excuse à mon père, je ne sais pas pourquoi je voulais lui trouver un motif, ma soeur ne s'en faisait pas autant. Mais une soeur jumelle... Ma vie aurait été tellement différente !
Ma femme fini par rentrer, avec toute la délicatesse dont elle savait faire preuve, elle shoota dans la veste de Chelsea qui n'était pas rentrée, mais ici les affaires traînent, ça rend la maison vivante. Dixit ma femme. J'étais seul, dans le silence, sur le canapé. La tête entre les mains. Elle s'approcha de moi pour poser ses mains sur mes genoux et m'embrasser sur le front. Paradoxal quand on voit quel camionneur c'est ! Mais elle avait toujours été très douce avec les enfants et moi.
Pour toute réponse j'enfouis ma tête dans son cou en l'entourant de mes bras, finissant par craquer. Enfin...

J'étais inquiète, je me demandais vraiment ce qui pouvait mettre mon mari dans cet état. Il m'aurait prévenu si il était arrivé quelque chose à un des petits. Aaron n'était pas du genre à se confier, je l'avais compris, on était pareil tous les deux, je n'aimais pas parler de ce qui n'allait pas, je n'étais pas forte pour ça. Autant, je pouvais être une vrai bourrine et on me le répétais assez, autant quand j'étais avec mon mari et mes enfants, j'essayais de faire preuve d'un maximum de douceur. Je glissa ma main sur son visage avant qu'il ne me prenne dans ses bras, craquant complètement. Je ne comprenais pas ce qui se passait, il n'était jamais comme ça, il prenait tout le temps sur lui sans rien dire, sans craquer, il avait du se passer quelque chose de grave pour qu'il ai l'air aussi anéanti. Je l'entoura de mes bras, posant ma tête sur la sienne, caressant ses cheveux ...

Sa va allez mon coeur ....Je suis la.

Je suis la mais je ne peux pas faire grand chose.  Je l'embrassa sur la tête toujours aussi tendre, espérant qu'il allait se calmer et m'expliquer ce qui se passait.

Je ne me sentais pas de lui relater les faits, je ne savais même pas ce que je devais lui dire. Démêler le vrai du faux était bien trop difficile pour moi en ce moment. Je ne sais pas ce que je pourrais faire, comment réagir, alors je craquais, je me laissais aller pour une fois, au risque de devenir vraiment dingue. Ce n'était pas grave en soit, mais ça faussait toute les statistiques de ma vie toute tracée à laquelle je me raccrochais pour garder le cap. Comme une ligne de mire rassurante au possible. Je me sentais perdue, sans barrières. Sans corde de sécurité.

Appelle Alana.

Elle lui expliquera, je n'en n'ai pas la force. Je sais qu'elle se ferait un plaisir de lui donner tous les détails, et Erika a besoin de connaître les faits pour intervenir, je sais de quoi je parle !

J'avais appris à connaitre les réactions de mon mari, je le connaissais par coeur et pour qu'il soit dans cet état quelque chose de grave avait du arriver, mais si il daignait me parler, ce serait mieu! Disons que je saurais comment le réconforter. J'étais accroupis devant lui, je le serrais dans mes bras quand il me dit d'appeler sa soeur. Alors je ne comprenais rien. Il s'était engueulé avec sa soeur?! Je savais qu'ils avaient une relation fusionnelle, mais quand même! Je l'embrassa une dernière fois avant de sauter sur mon portable pour appeler ma belle soeur. Elle fini par décrocher ... au bout de la troisième fois! Je me demandais parfois pourquoi elle avait un portable ... a oui c'ets vrai ... pour harceler son fils !

Alana ne mit pas longtemps à tout m'expliquer. L'arrivée de leur soeur, la jumelle d'Aaron que leur parents avaient abandonné, le refus d'Aaron de lui parler pour le moment, elle m'expliqua qu'elle était allée la voir, qu'elle était super, qu'elle ne voulait pas bouleversé la vie de son frère, enfin elle me raconta en détail toute leur entrevue ... en même temps c'est Alana, on peut la lui demander de résumer en deux mots. On fini tout de même par passer près de 40 minutes au tlépéhone! Je n'arrivais pas à couper elle reprenait toujours sur un autre sujet.... sauf que j'avais un mari à consoler moi! On fini par raccrocher et je retourna vers Aaron qui n'avait pas bouger ...

Eh ... regarde moi chéri ...

Je releva délicatement son visage pour planter mes yeux dans les siens.

Personne ne te demande rien Aaron, si tu ne veux pas la voir, elle comprendra.

Je ne voulais pas qu'il ressente une quelconque pression. Ce serait beaucoup mieu, si il acceptait de lui parler, mais je ne voulais pas lui forcer la main, c'était assez compliqué à gérer pour lui.

En l'envoyant appeler ma soeur, je savais que j'aurais quelques paires de minutes devant moi pour me reprendre en main ! Alana était l'atout idéal pour le coup. Je connais tellement ma petite soeur que je m'en sers comme d'un joker maintenant. Je sais, ça ne se fait pas mais après tout hein !
40 minutes suffirent, et encore je suis sûre qu'Erika a coupé court. Je ne cessais de me dire de faire comme si rien ne s'était passé, mais je ne suis pas facile à convaincre. Je fini par me lever, ne supportant plus de regarder ma femme dans les yeux, mes larmes ne tarissaient pas et je détestais me montrer aussi faible.

Je ne sais pas comment mon père a pu faire ça. Ca vient forcément de lui.

Je tournais en rond, en soupirant, passant ma main dans mes cheveux pour finalement me poser contre la fenêtre. Regarder l'horizon était encore ce qui me faisait le plus de bien.
Je culpabilisais surtout par rapport à ma petite soeur. Tout aurait été tellement plus simple si Cassandre avait été avec nous. Elle n'aurait pas eu à souffrir autant.

Non, c'est pire que ça...

Frapper sur sa femme, puis sur ses enfants, en épargnant la dernière de justesse parce que j'étais assez grand pour la protéger, je trouvais déjà ça en dessous de tout, mais abandonner sa fille, ma soeur jumelle, sa première, parce que c'était une fille !!! On se croirait en Chine dans les années 20. Je ne sais pas si ça pouvait exister, ce genre d'homme ne mérite même pas de qualificatif.

Si elle avait été là, Alana n'aurait pas eu à souffrir de tout ça. A deux on aurait pu la protéger. Maintenant qu'elle est là elle lui rappelle tout ça. Ma soeur a assez morflé non ?

Alana je la protégeais comme si c'était ma chair. Elle l'était un peu finalement. Je la protégeais beaucoup trop, même maintenant qu'elle était assez grande pour le faire elle même, aidée de Tom.
Je me servis un verre dont je ne savais même pas si j'avais envie.

Non ça aurait été différent. On aurait pu la protéger si on avait été deux, on aurait pu lui éviter tout ça comme on l'a fait pour Emily. Si on avait été deux Erika, elle n'aurait rien vécu de tout ça et ça aurait été bien mieux.

Alana avait encore parfois quelques sursauts, elle se sentait bien mieux dans sa peau, ça c'est une chose de sûre, mais je ne voulais plus l'entendre dire qu'elle déprimait, parce qu'elle ne se sentait pas bien, chaque année à la même époque, celle du départ de notre père. C'était une situation particulièrment difficile. Et je la soutenais comme je peux. Mais à deux avec Al nous avions pu soutenir Emily, alors à deux avec Cassandre nous aurions pu le faire.

Elle représente mon passé Erika. Elle représente ce dont on a manqué, comment tu veux vivre avec ça ?

Je tentais de me calmer, d'être doux avec ma femme, elle n'avait pas à subir mes sauts d'humeur mais serais-je capable de le rester longtemps ?

Je suis pas prêt pour ça Erika.

Je la pris contre moi, caressant son dos tout en regardant l'extérieur. J'avais besoin de la sentir près de moi, ma femme était mon soutient le plus solide, maintenant qu'Alana avait été conquise par Cassandre, que voulez vous que je fasse ? Que j'en parles à mes enfants ? Ils n'avaient pas à me soutenir, c'était l'inverse. Erika en revanche pouvait comprendre beaucoup de choses et puis elle était au courant de toute mon enfance, je ne voulais pas en parler, c'était trop difficile.

Parce que je ne veux pas en parler, à quoi ça servirait ? C'est le passé, c'est tout.

Je me refermais comme une huître, elle a raison. Mais ça marchait bien mieux quand c'était moi qui le faisait. Je n'étais pas prêt et ne le serais sans doute jamais.

Bien sûr que non, mais elle revient au bout de 40 ans et chamboule tout. Je n'avais pas vu ma vie comme ça. Je n'avais pas prévu avoir une soeur de plus, je n'avais pas prévu avoir une jumelle. Je n'avais pas prévu que ce manque que j'ai toujours ressenti était dû à une autre personne. J'ai toujours su que je n'étais que la moitié de moi même, mais je suis pas prêt à être entier.

C'est clair là ?! Quand je voyais Cam et Logan je me disais qu'au fond, et malgré la personnalité très imposante de ma fille, elle n'était qu'une moitié, sans son frère elle n'était pas elle même, et inversement, tant que Logan savait que Cameron n'était pas trop loin ça allait. Mais quand il partait quelques jours, et Dieu c'est si c'est rare, il lui manquait quelque chose. Moi ça faisait 40 ans et j'avais appris à vivre avec.